#40 Le Film du Weekend • Green Book

Synopsis : 

En 1962, alors que règne la ségrégation, Tony Lip, un videur italo-américain du Bronx, est engagé pour conduire et protéger le Dr Don Shirley, un pianiste noir de renommée mondiale, lors d’une tournée de concerts. Durant leur périple de Manhattan jusqu’au Sud profond, ils s’appuient sur le Green Book pour dénicher les établissements accueillant les personnes de couleur, où l’on ne refusera pas de servir Shirley et où il ne sera ni humilié ni maltraité.
Dans un pays où le mouvement des droits civiques commence à se faire entendre, les deux hommes vont être confrontés au pire de l’âme humaine, dont ils se guérissent grâce à leur générosité et leur humour. Ensemble, ils vont devoir dépasser leurs préjugés, oublier ce qu’ils considéraient comme des différences insurmontables, pour découvrir leur humanité commune. 


Si vous vous êtes un peu renseigné sur la cérémonie des Oscars vous savez peut-être que cette année c’est Green Book de Peter Farrelly qui a été sacré meilleur film de l’année. Un road movie tiré de faits réels se déroulant dans l’Amérique des années 60, nous dépeignant l’histoire d’une amitié interraciale allant à l’encontre des codes de cette ancienne Amérique rurale et raciste. Une aventure durant laquelle un Italo-Américain, Tony Lip, va se lier d’affection avec un homme de couleur, le pianiste Don Shirley, en devant lui servir de chauffeur.

Tout d’abord petite explication historique, pour comprendre correctement le nouveau long métrage de Peter Farrelly. Un Green Book, livre apparaissant dans l’histoire et donnant son titre au film, est un manuel pour voyageurs et automobilistes de couleur répertoriant les lieux de séjours « accueillant », entre très gros guillemets ainsi que ceux à éviter pour les personnes de couleur. Un titre qui a donc tout son sens, nous dépeignant directement l’ambiance du film ainsi que son contexte historique. Comme vous avez sans doute dû le comprendre, Green Book nous décrit avec réalisme l’intolérance des Américains dans les années 1960, en nous présentant certaines scènes chocs comme celle des sanitaires ou encore celle de la boutique de costume de luxe. Un voyage qui promet d’être dangereux, en particulier pour un homme comme Don Shirley, incarné à l’écran par Mahershala Ali, homme noir riche, éduqué bien loin de l’image que donnaient les Blancs aux Noirs de l’époque.


Mais qui est Don Shirley ? Donald Walbridge Shirley est un pianiste et compositeur américain d’origine jamaïcaine, né le 29 janvier 1927 à Pensacola en Floride et mort le 6 avril 2013 à Manhattan. Incarné à l’écran par Mahershala Ali, il décide de partir accompagné de Tony Lip, incarné par Viggo Mortensen, dans une tournée de concert jusque dans le Sud profond. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le duo entre les deux acteurs fonctionne à merveille à l’écran. L’ancienne star du Seigneur des Anneaux (oui c’est bien Aragorn fils d’Arathorn) incarne avec brio cet Italien issu du Bronx, rude aux premiers abords mais réellement sympathique et au cœur d’or. Pour ce qui est de l’acteur de Moonlight, il est juste impressionnant à l’écran et mérite son Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour ce film. Tout en éloquence, charisme, il retransmet avec brio la mélancolie d’un homme qui n’a sa place dans aucun des deux mondes de cette époque. Un superbe duo donc, apportant des bons nombres notes de bonnes humeurs de rigolades, dans une histoire bien réelle.

Le frère de Don Shirley a cependant appelé au boycott du film, soulignant que celui-ci, écrit par le fils de Tony Lip, Nick Vallelonga, représente le point de vue des Blancs et présente des différences significatives avec l’histoire réelle. En faisant quelques recherches (même si ces informations doivent quand même être pris avec des pincettes), il semble que la majorité des événements et faits relatés dans le film soient vrais. Dans le film la tournée de concert dure deux mois alors qu’ils ont en réalité voyagé pendant 1 an et demi. Selon Nick Vallelonga, il s’agit de la seule liberté majeure qu’ils aient pris en faisant le film. Je vous laisse un petit lien si vous voulez en savoir plus.


Green Book reste néanmoins un film incroyable, qui vous fera sourire voir même lâcher une petite larme et qui mérite pleinement son Oscar de meilleur film de l’année. Une osmose parfaite entre les deux acteurs principaux, des paysages sublimes traversés par la voiture bleu turquoise, une critique juste et subtile de la ségrégation dans l’Amérique des années 60. Tout ce qu’il faut pour faire de ce film un véritable classique, que je vous conseille d’aller voir au cinéma pendant qu’il est encore diffusé dans les salles sombres.