#09 Le bouquin du weekend • Ecrire


                " Se trouver dans un trou, au fond d’un trou, dans une solitude quasi-totale et découvrir que seule l’écriture vous sauvera. […] Une immensité vide. Un livre éventuel. Devant rien." Dès la page 20, Marguerite Duras nous plonge avec fracas dans son intimité, avec son style déstructuré et ses phrases d’une beauté éclatante.

 
                Ce livre est un roman à caractère autobiographique ; un essai sur : "Ecrire, [c’était] la seule chose qui peuplait ma vie et qui l’enchantait. Je l’ai fait. L’écriture ne m’a jamais quittée."  C’est aussi un voyage entre solitude, whisky et soubresauts d’une douce folie. " Ça va très loin, l’écriture… Jusqu’à en finir avec."

 
                Puis vient l’histoire de cette mouche. " Et c’est dans ce silence-là, ce jour-là, que tout à coup j’ai vu et entendu à ras du mur, très près de moi, les dernières minutes de la vie d’une mouche ordinaire." On ne peut s’empêcher de se demander pourquoi elle parle de ça, tout en lisant ses aventures avec une fascination certaine. " Je me trompais : elle était encore vivante."

" Je ne sais plus rien sauf que je suis partie de là. Je me suis dit : Tu es en train de devenir folle. Et je suis partie de là."

Comme elle le confessera plus tard, " On écrit sans le savoir. On écrit à regarder une mouche mourir. On a le droit de le faire. […] On peut aussi ne pas écrire, oublier une mouche. Seulement la regarder."

Avant de conclure, par cette phrase d’une véracité sublime : "Ecrire c’est tenté de savoir ce qu’on écrirait si on écrivait – on ne le sait qu’après- avant, c’est la question la plus dangereuse que l’on puisse se poser. Mais c’est la plus courante aussi."


               Si vous prenez le temps de lire des livres et que, comme moi, vous êtes fascinés par ceux qui les écrivent, alors celui-ci devrait faire partie de votre bibliothèque. " C’est curieux un écrivain. C’est une contradiction et aussi un non-sens. Ecrire c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit."