Dragon Quest Builders 2: la grande aventure!

Avec Dragon Quest Builders 2, la célèbre série de RPG japonais nous démontre qu’elle peut se développer dans tous les genres de jeu avec élégance, tout en conservant son charme si particulier.

Cela fait bientôt deux ans que j’écris pour Vojood Media, et le moment est finalement venu où je m’attaque au test de la suite d’un jeu que j’avais également testé ici :emoji avec la tête qui explose:. C’était en février 2018 avec Dragon Quest Builders premier du nom, qui avait su me surprendre par son mélange des genres intriguant, son élégance et son charme unique et sa jouabilité grisante.

Dire que j’attendais la suite avec impatience serait réducteur, et pourtant les premiers retours semblent timorés. Y aurait-il raison de s’inquiéter? Si tu as déjà vu la note, tu connais certainement déjà la réponse…

C’est l’histoire d’un bâtisseur qui bâtissait


Tout comme le premier épisode, Dragon Quest Builders 2 reprend là où le jeu d’origine Dragon Quest II (NES) s’arrête. Le jeu n’étant jamais officiellement sorti en Europe en dehors des versions mobiles, cela ne devrait pas parler à beaucoup de monde. Retiens simplement que le grand méchant de DQII, appelé Kaos, a été vaincu, et que ses fidèles, les Héritiers de Kaos, ont fui les régions de DQII et se sont réfugiés dans l’archipel d’îles où se déroule ce Dragon Quest Builder 2. Ils y font régner la terreur selon les principes de Kaos en interdisant notamment à tous les habitants des îles de construire quoi que ce soit et en les incitant au contraire à la destruction. Les bâtisseurs sont devenus des criminels persécutés par les Héritiers et c’est en tant que prisonnier sur un bateau regorgeant de monstres, que notre héros bâtisseur s’éveille en début de jeu avant de faire naufrage.


Le héros est personnalisable selon les souhaits du joueur en début de partie. Il est d’ailleurs possible de jouer un garçon ou une fille, ce qui est toujours appréciable. Il ou elle est très vite amené(e) à rencontrer ses deux partenaires de voyage : Malroth, le mystérieux amnésique à la force brute, et Lulu, enfant gâtée au caractère souvent insupportable. Ils se voient alors confier la propriété de l’île de l’Eveil sur laquelle ils se trouvent, par l’esprit de l’île, ainsi que la mission de la rendre de nouveau habitable et attractive puisque l’île a été décimée par les Héritiers de Kaos. Cependant, l’île de l’Eveil étant désertée et très pauvre en ressource, il va falloir voyager dans les îles voisines pour aller récupérer ressources, techniques et surtout habitants pour venir vivre sur notre île.

Le héros, accompagné du combattant Malroth, part donc à la découverte des multiples îles de l’archipel qu’il va falloir aider et libérer de la tyrannie des Héritiers de Kaos, grâce aux pouvoirs de la construction. On rappelle tout de même que le but final est de récupérer des ressources et de la main-d’œuvre pour l’île de l’Eveil, nous avons affaire à un héros plutôt pragmatique.


L’histoire dans DQB2 revêt une importance de premier plan et propose une expérience digne des RPG de la série principale. Découvrir chacune des îles et ses habitants, ainsi que leurs problèmes a quelque chose de très Dragon Quest VII, et malgré un gameplay axé sur des mécaniques de construction avant tout, on a l’impression de jouer à un vrai RPG japonais classique.

À mi-chemin entre créativité et linéarité

À cause de son emphase sur l’histoire, le jeu va tenir le joueur par la main dans toutes les missions qu’il doit effectuer. Les personnages délivrent de nombreuses quêtes, les unes après les autres, afin de faire avancer dans l’aventure. Si bien que la liberté de construire comme bon nous semble se retrouve reléguée à la seconde partie de l’aventure. Cela rend le jeu plus accrocheur pour ceux qui ne sont pas en quête d’un bac à sable à la Minecraft, mais d’une véritable aventure, mais pour les autres, c’est un peu plus délicat et il faudra prendre son mal en patience avant d’être enfin libre de construire.


Les îles de la quête principale proposent ainsi de s’intégrer aux habitants d’un village en ruines et de les aider à reconstruire ce qui faisait la gloire de leur passé. Sur la première île par exemple, on se retrouve à développer des fermes et à cultiver des plantations. La plupart des quêtes nous invitent à restaurer des sols et à rechercher des graines, tout en développant le village et en faisant venir de nouveaux habitants. Les quêtes s’enchaînent en incluant également de nombreux combats contre les monstres de l’île, c’est là où Malroth se montre utile et cela force également à s’attarder sur la confection d’armes et armures, non seulement pour l’équipe principale, mais également pour les habitants du village.

On s’en rend compte rapidement, dans DQB2 on n’est jamais vraiment seul. Les habitants du village constituent une véritable communauté qui est là pour aider le joueur à progresser en s’attelant aux tâches basiques et répétitives. Construis un joli restaurant, des bains publics ou des chambres privées et les villageois gagneront en efficacité dans toutes les tâches pour lesquelles ils travaillent. Équipe-les d’épées de qualités et tu pourras continuer à construire tranquillement pendant qu’ils s’occupent de protéger le village des invasions de monstres. D’ailleurs ils sont assez passionnants à regarder vivre leur vie, ce qui me permet également de souligner la qualité des dialogues et des interactions entre les personnages. Les traductions sont excellentes et même souvent très drôles. Cela aide énormément à apprécier chacun des personnages individuellement.


Une fois les quêtes clôturées, il est temps de revenir sur l’île de l’Eveil, où tu pourras utiliser toutes les ressources et compétences de bâtisseur acquises sur les autres îles. Il y a de nouveau ici régulièrement de nouvelles quêtes à remplir, mais tu es rapidement livré à toi-même et invité à développer les activités de « ton » île. Et tout est véritablement possible. Tu pourras exprimer ta créativité en construisant des villes et villages ainsi qu’en modifiant allègrement la nature pour créer champs, forêts, rivières et plaines.

C’est aussi une fois de retour sur l’île de l’Eveil que tu pourras commencer à construire en groupe et inviter d’autres possesseurs du jeu à te rejoindre dans ton aventure. Il n’est malheureusement pas possible de jouer à plusieurs lors de l’histoire principale et il faudra patienter d’avoir terminé la première île avant de pouvoir exploiter les fonctionnalités multijoueurs, mais c’est un des grands manques du premier jeu qui se retrouve ici corrigé. À noter qu’il existe également un mode photo qui permet de partager avec le monde entier la beauté de tes créations et de ton île.

Une générosité sans pareil


Que ce soit par les matériaux à collecter, les objets à créer, les salles à construire, les plantes à faire pousser ou les villageois à gérer, la richesse de DQB2 brille dès les premières minutes de jeu. Autant de possibilités rendent cependant la maniabilité et la navigation parfois un peu complexes. Les boutons A et ZR par exemple, servent à de nombreuses actions pas toujours faciles à maîtriser, si bien que l’on se retrouve souvent à soulever un bloc plutôt que de le casser par exemple.


Au final, le seul véritable point négatif de DQB2 est qu’il n’a pas vraiment fait de progrès sur le plan technique depuis le premier épisode. Le jeu est coloré et plein de charme, mais on aurait pu attendre quelques améliorations ici et là. La fluidité laisse notamment parfois à désirer et d’autant plus en mode TV sur la Switch, ce qui est tout de même regrettable au vu de son univers graphique relativement simple. Les temps de chargements, bien que très rares, sont très longs, et il est également trop fréquent de tomber sur des bugs mineurs comme une scène où des personnages absents à l’écran sont en train de parler. La caméra est également toujours difficile à maîtriser, notamment dans les espaces les plus confinés. 

Autant de problèmes qui étaient déjà présents sur le premier épisode et qui n’ont pas été corrigés. Et c’est bien dommage puisqu’on a tout de même affaire à la deuxième édition sur la même console, et qu’il s’agit d’un jeu Square Enix et a fortiori Dragon Quest, dont on attend tout de même un certain standard de qualité. Je pardonnerais sans problème s’il s’agissait d’un plus petit jeu, mais là on ne peut pas l’ignorer.

Un Dragon Quest, bien plus qu’une copie de Minecraft


Dragon Quest Builders 2 a quelque chose de particulier, de magique et d’enchanteur. Il s’agit d’un vrai RPG japonais dont les mécaniques ont puisé leur inspiration ailleurs: Minecraft bien sûr, mais aussi Harvest Moon ou Animal Crossing. Il fera le bonheur des plus jeunes comme des moins jeunes et promet des dizaines d’heures avant de voir les lettres FIN s’afficher. Malgré une certaine complexité dans ses mécaniques, il prend le temps de nous introduire l’étendue de ce qu’il a à nous offrir, parfois au prix de l’immédiateté. Si seulement le jeu avait fait un peu plus d’efforts sur la technique, il aurait pu figurer parmi les incontournables de la Switch… Je t’invite malgré tout à lui laisser sa chance, si tu aimes la série Dragon Quest et les J-RPG en général tu vas te régaler.