Hollow Knight sur Nintendo Switch, la douce obscurité

Après un certain nombre de désillusions avec des jeux annoncés qui ne sortent pas avant plusieurs années, on apprécie d’autant plus les petites annonces surprises de jeux « disponibles aujourd’hui » que les constructeurs nous réservent parfois. Nintendo, lors de son Direct spécial de l’E3 dédié à 98% au nouveau Smash Bros. (je schématise, mais on en est sûrement assez proche), a aussi glissé l’annonce de la sortie immédiate d’un petit jeu dont les joueurs console avaient déjà entendu parler mais jamais essayé, puisqu’il s’agit d’une première en dehors du PC : Hollow Knight, du développeur australien « Team Cherry ». Disponible pour une quinzaine de francs sur le eshop, je n’ai pas hésité à télécharger cette petite pépite pour laquelle les joueurs PC ne tarissent jamais d’éloges depuis plusieurs mois déjà.

Un camaïeu de bleus nuit et de noirs

On tombe dans les tunnels d’Hollow Knight comme on tomberait dans un film d’animation signé Tim Burton. Dès les premières secondes, le joueur est happé par l’univers sombre, fascinant et étrangement mignon de Hollow Knight. On patauge quelques minutes pour comprendre ce qui se passe, puis on abandonne pour se lancer dans l’exploration du curieux monde en deux dimensions d’Hallownest. Sans perdre son temps en cinématiques ou en lignes de dialogues, Hollow Knight utilise ses environnements et les multiples rencontres faites au détour de ses couloirs pour nous conter son histoire, et ça marche ! Bruitages, personnages muets, éléments graphiques et quelques lignes de texte réussissent à faire passer le message au joueur et à le fasciner par la même occasion.

Le revers de cet aspect est que le joueur se retrouve très souvent livré à lui-même, sans indice sur l’emplacement de la prochaine étape qui pourrait faire progresser l’histoire. Cela n’est pas un problème dans les débuts du jeu où les capacités limitées du personnage principal ne lui permettent pas de se déplacer en dehors des sentiers battus, c’est tout de suite plus compliqué quand vous avez découvert plusieurs zones différentes et n’avez aucune idée de laquelle explorer pour continuer à avancer.


Quel que soit l’endroit où le joueur évolue, l’immersion est cependant totale. La bande sonore (disponible sur Spotify) est un véritable chef-d’œuvre que l’on réécoute en dehors du jeu avec bonheur. Mention spéciale aux morceaux les plus calmes qui marquent de véritables pauses dans l’aventure du joueur, écoutez le morceau « Reflection » et vous comprendrez immédiatement. Les graphismes et plus généralement la direction artistique sont également un point très fort du jeu, qui évite le travers de la comparaison avec d’autres jeux pourtant similaires (Limbo, pour ne citer que lui). Artistiquement Hollow Knight est unique et crée pour lui-même de nouveaux standards qui font de lui une nouvelle référence du genre.

 

On s’y sent bien comme chez soi


Hollow Knight ne nous surprend jamais véritablement dans son gameplay. Le personnage commence avec une aiguille (l’arme du jeu) faible et peut sauter pour atteindre de petites hauteurs. Au fil de l’aventure, tel un Metroid, de nouveaux bonus seront acquis pour améliorer les compétences du joueur qui pourra tantôt se déplacer plus rapidement, sauter plus haut, frapper plus fort et débloquer certains pouvoirs que je tairai ici pour ne pas vous gâcher la surprise. Jusque-là, peu de nouveautés, le jeu est toujours fluide et agréable. L’originalité réside finalement dans le système d’équipement qui vous imposera de choisir un nombre très limité d’accessoires qui ne sont changeables qu’aux points de sauvegarde et qui peuvent changer drastiquement la façon dont vous appréhendez l’aventure. Bonus de force, portée plus importante, mais aussi boussole pour afficher son emplacement sur la carte ou aimant à pièces, la variété des accessoires est très grande et constitue un point essentiel de votre expérience.


On notera également la présence d’une barre d’esprit, que vous serez amenés à utiliser très fréquemment notamment pour vous soigner et qui se recharge en frappant les ennemis dans les couloirs. Ce mécanisme incite ainsi intelligemment le joueur à combattre sans relâche le plus d’ennemis possible afin de survivre jusqu’au prochain point de sauvegarde.

Dernière petite particularité qui en surprendra plus d’un, la carte des zones n’est pas complète quand vous en faites l’acquisition et ne se remplit pas automatiquement. Ce n’est qu’une fois que vous prenez une pause sur l’un des bancs de sauvegarde que les chemins que vous avez parcourus apparaîtront sur votre carte du niveau.

Hollow Knight ne propose donc pas de grande révolution dans son gameplay, mais les quelques petites variations sur les codes classiques du jeu de plateforme à la Metroidvania sont suffisantes pour ne jamais s’ennuyer manette en mains.

 

« Est-ce que c’est comme Dark Souls ? »


En jouant et en postant quelques captures photo et vidéo sur mon Instagram (que je vous invite d’ailleurs à découvrir ici), une question est revenue plusieurs fois à ma semi-surprise. Après tout, nous sommes en 2018 et il est de coutume de comparer tous les jeux à Dark Souls dès qu’ils présentent un peu de difficulté. Alors « est-ce que c’est comme Dark Souls ?» Ma réponse était toujours la même, Hollow Knight est un Metroidvania (comprenez un jeu de plateforme axé sur l’exploration et la montée en puissance progressive du personnage) pour joueurs expérimentés, mais qui n’a rien à voir avec Dark Souls, à part sur quelques thèmes et points de gameplay comme le fait qu’en cas de mort, le joueur doive retrouver son esprit là où il a rendu l’âme afin de récupérer ses richesses. J’allais même jusqu’à me vanter que je ne rencontrais pas vraiment de problèmes pour avancer alors que je n’avais jamais été capable de finir un Dark Souls.

Hollow Knight Nintendo Switch


Hollow Knight candles

Photos tirées de mon Instagram


C’était cependant sans compter sur la fin du jeu qui transforme tout l’aspect atmosphérique et exploratoire du jeu en une série de combats de boss très, très musclés. Le genre de combats que l’on doit refaire des dizaines de fois pour apprendre toutes les actions des boss et enfin les achever. Cette mécanique est effectivement très typique des Dark Souls et je dois avouer que la comparaison m’est devenue plus claire sur les dernières heures. On pourrait cependant arguer que c’est le cas de nombreux jeux de plateforme tels que les Megaman. Soyez donc prévenus, si vous souhaitez voir la fin, attendez-vous à un très gros pic de difficulté sur les dernières heures de jeu.

 

La nouvelle référence des jeux indépendants sur le eshop de la Switch


Quel que soit le joueur que vous êtes, je ne peux que vous conseiller de vous lancer dans l’aventure, car quoiqu’il arrive le risque n’est pas très grand au vu du prix proposé. L’aventure dure entre une vingtaine et une trentaine d’heures selon votre expérience, ce qui est très volumineux pour un jeu de cette trempe. Le mode portable est évidemment très appréciable pour Hollow Knight se prête très bien aux petites sessions et fonctionne à merveille. On appréciera la précision plus grande du Pro Controller surtout dans les combats de boss, mais Hollow Kinght a bien trouvé sa place sur Nintendo Switch.

On me demande souvent quel jeu acheter dans la ribambelle de titres indépendants disponibles sur le eshop de la Switch. Je pense avoir trouvé avec Hollow Knight le jeu à conseiller, quelles que soient les circonstances. Merci de votre lecture.

Retrouvez Hollow Knight sur le Nintendo eshop à cette adresse.