Spyro Reignited Trilogy – un rêve d’enfant

« Pousse-toi un peu Crash! Il y a de la place pour deux! ». Hé oui. Après le succès retentissant de la Crash Bandicoot N’Sane Trilogy, il n’est pas surprenant de retrouver un autre symbole de l’ère PS1 lui aussi édité par Activion. En 1998, quand le premier Spyro sortait, le genre de la plateforme 3D était en plein boom. Banjo & Kazooie, Croc, Crash Bandicoot… autant de jeux phares qui avaient suivi la voie de Mario 64 pour proposer une expérience unique avec pour personnage principal, une mascotte charismatique et enfantine. Spyro est arrivé un peu en retard face à ses adversaires mais a laissé une forte impression sur les enfants qui ont grandi avec la PS1 par ses graphismes incroyables pour l’époque et un monde vraiment unique encore jamais vu auparavant. Joueur issu de la génération PlayStation, j’ai toujours été beaucoup plus Spyro que Crash et aujourd’hui, après avoir rejoué à la Reignited Trilogy, je suis plus que jamais dans le camp du petit dragon violet.

 

Un peu d’histoire pour commencer

Spyro Reignited Trilogy est la compilation de la trilogie originale sortie sur PS1 et développée à l’époque par Insomniac Games (connus plus récemment pour Sunset Overdrive et Marvel’s Spiderman). Elle se compose des remakes de « Spyro the Dragon » (1998), « Spyro 2: Gateway to Glimmer » (1999) et « Spyro: Year of the Dragon » (2000). Nous les appellerons dans cet article pour des raisons de simplification Spyro 1, Spyro 2 et Spyro 3. Les trois jeux, bien que similaires, se distinguent fondamentalement dans leur concept.

Le premier Spyro propose une histoire très simple. Spyro doit sauver les dragons emprisonnés dans un cristal par l’ignoble Gnasty Gnorc et récupérer les trésors volés des mondes des dragons. Dans cet épisode, on se rapproche d’un Mario 64, avec un personnage principal fort qui visite de multiples mondes dont il doit atteindre le point final tout en sauvant le maximum de dragons possible. Les mondes sont tous sensiblement étroits, mais proposent tous des challenges intéressants, avec une montée en difficulté bien dosée. Le jeu est fait pour parler aux plus jeunes comme aux plus vieux. Certains diront que l’épisode a vieilli, c’est peut-être vrai, mais on a affaire ici à de la plateforme brute comme on n’en fait plus chez Sony depuis des années et qui fait plaisir à jouer de nouveau.

Spyro 2 prend un virage beaucoup plus inspiré des dessins animés et qui convient peut-être plus aux enfants que le premier épisode. Spyro se retrouve téléporté dans le monde d’Avallar, au milieu d’une invasion menée un monstre larvaire nommé « Rypto » et ses acolytes, et doit aider une bande de « rebelles » tous plus charismatiques les uns que les autres à regagner les mondes d’Avallar. Le jeu propose beaucoup plus de portraits de personnages, chacun des niveaux montre un conflit entre deux espèces à chaque fois uniques dans leur design respectif. Spyro 2 amène aussi des niveaux plus longs avec des challenges annexes permettant de gagner des « boules » magiques dont l’utilité est révélée plus tard dans le jeu. Quelques nouvelles aptitudes apparaissent également, dont la nage, qui permettent de varier le gameplay plus fréquemment que dans Spyro 1. Le jeu est plus court mais aussi plus abouti dans son concept.

Spyro 3 quant à lui est l’épisode du « toujours plus ». Il reprend l’univers et les personnages développés dans les deux précédents épisodes pour proposer cette fois à l’autre bout du monde des dragons dans un territoire oublié. Il doit retrouver les œufs des dragons volés par la « sorcière » et son armée de rhinos. Le jeu est beaucoup plus long que ses prédécesseurs et se distingue par de nombreuses variations de gameplays. Au sein d’un même niveau, on se retrouve à faire du skateboard (hommage à l’époque des jeux Tony Hawk) ou à prendre le contrôle d’un des quatre autres personnages aidant Spyro dans sa quête, à savoir Sheila, la kangourou qui peut sauter très haut; le pingouin de guerre James Byrd et son arsenal d’armes explosives; l’Agent 9, un singe de laboratoire équipé d’un pistolet laser; et mon préféré, le yéti Bentley armé de sa massue. Sans oublier les passages en vue de dessus où l'on contrôle Sparx, la libellule qui suit tout le temps le petit dragon violet. Le jeu est beaucoup plus moderne dans son approche et aussi un peu plus violent avec l’usage récurent d’armes. C’est le jeu qui a posé les bases pour Ratchet et Clank sorti sur la génération suivante par les mêmes développeurs.

Spyro-3-year-of-the-dragon


À noter que les réalisateurs de la Reignited Trilogy ne sont autres que Toys for Bob, qui se sont notamment faits connaître grâce à « Skylanders : Spyro’s Adventures », la boucle est donc maintenant bouclée.

 

Qu’est-ce que c’est beau!

Dès les premières secondes de jeu, c’est l’émerveillement. Que de chemin parcouru depuis la trilogie originale! Graphiquement le titre est irréprochable et nous en met plein les yeux, sans pour autant trahir les titres d’origine une seule seconde. On reconnaît chaque lieu dans lequel on se déplace au premier coup d’œil, pourtant les effets de lumières, la palette de couleurs, les détails des textures apportent une dimension supplémentaire encore jamais vue. Tout est détaillé et maîtrisé. Les personnages, que ce soit Spyro, ses alliés ou ses ennemis disposent d’un redesign tout à fait réussi et réaliste. Les dragons à libérer dans le premier Spyro disposent tous d’un design original et unique. De même, tous les personnages apparus dans les épisodes 2 et 3 disposent d’un design soigné qui leur donne une toute nouvelle dimension et une personnalité toujours plus forte. Je retiens notamment les designs de Chasseur et de Elora dont les visages sur les versions PS1 étaient particulièrement laids…

Au niveau des performances, il n’y a absolument rien à redire, le jeu est fluide, quel que soit le modèle de PS4 dont vous disposez (ou de Xbox One), les jeux sont très bien optimisés, quel que soit l’épisode. Impossible cependant de ne pas mentionner ici la taille nécessaire ridicule requise pour l’installation des 3 jeux qui dépasse les 60Go, rendant ainsi obligatoire le téléchargement des épisodes 2 et 3 pour ceux qui choisiront d’acheter le jeu en version physique.

 

Une retranscription ultra-fidèle de chaque épisode

Quel que soit le jeu auquel vous vous essayez, une attention toute particulière aux détails a été effectuée. Que ce soit les ricanements des voleurs d’œufs du premier épisode, la forme et la couleur des joyaux qui varie pour chaque épisode ou la structure des niveaux, tout est exactement identique aux jeux de l’époque pour le plus grand bonheur des nostalgiques tels que moi. Et la formule fonctionne toujours aussi bien. On retrouve ce besoin inexplicable de finir tous les niveaux à 100% en collectant tout ce qui traîne. On ressent toujours la frustration d'avoir oublié un joyau quelque part dans un niveau qui nous empêche d'atteindre les 100%. On a toujours envie d'entendre la prochaine blague que nous dira le prochain dragon libéré dans Spyro 1, ou la petite tête mignonne du prochain dragon à éclore de son œuf dans Spyro 3...

La musique a été entièrement réorchestrée pour le jeu, mais celui-ci nous laisse le choix de changer pour la musique originale à chaque instant. Les réinterprétations ne sont pas toujours des plus inspirées, mais elles sont ont le mérite de proposer une variante plus moderne et fidèle à l’original à la fois.

Dragon-design

Certains se plaindront de la caméra qui manque parfois de dynamisme qui serait confortable pour cracher du feu dans la bonne direction ou pour s’y retrouver lors d’un sprint en super charge. D’autres diront au contraire que la caméra est fidèle à l’original et que cela contribue à transporter le charme de l'époque. Les plus puristes regretteront l'effet de motion blur quand la caméra se déplace. En bref, la caméra est un des seuls éléments qui fait vraiment débat et je vous laisserai choisir votre camp.

De même, les trois jeux ayant été refaits avec le même moteur graphique, on éprouve un certain manque de diversité inévitable si on enchaîne les épisodes, qui avaient à l’époque été réalisés dans des moteurs qui évoluaient d’année après année. Ici chaque épisode perd un peu de se personnalité à cause de cette répétitivité visuelle.

Enfin, même si le jeu est plein à craquer de contenus (vous en avez pour plus d'une trentaine d’heures si vous cherchez à récolter tous les trésors dans les trois épisodes), on pourra lui reprocher de ne pas avoir osé prendre le risque d’ajouter quelques niveaux bonus ici ou là.

D’excellents remakes pour trois jeux qui le méritent

Que l’on soit nostalgique ou non, enfant ou adulte, on passera forcément un très bon moment devant cette Reignited Trilogy. La génération PS1 peut être fière de voir un de ses classiques refaire son apparition 20 ans plus tard tout en restant tout à fait pertinent pour le monde actuel du jeu vidéo. Pour moi, ce fut un véritable bonheur de pouvoir refaire ces trois jeux qui ont marqué mon enfance et je suis ravi de savoir que nous avons là enfin une excellente base pour de potentiels nouveaux jeux dignes de ce que l’on aurait pu espérer à l’époque du passage à la PS2 et que nous n’avons jamais eu. J’ai vraiment hâte de voir ce qu’Activision et Toys for Bob nous préparent avec cette licence dans le futur.