#12 Le bouquin du weekend • Le Fait du prince


                En ouvrant un livre d’Amélie Nothomb, on pénètre dans un monde inconnu, imprégné d’une atmosphère anxiogène. Ceux qui ont lu Stupeur et Tremblements, Hygiène de l’Assassin ou encore Acide Sulfurique le savent, rien n’arrête cette écrivaine à l’imagination folle. La preuve, dans ce dernier, elle va jusqu’à imaginer un jeu de téléréalité inspiré des camps de concentration… Bref, à côté d'elle, Vernon Sullivan passerait pour un gentil.

                Le Fait du prince commence par ces quelques lignes annonciatrices : " – Si un invité meurt inopinément chez vous, ne prévenez surtout pas la police. Appelez un taxi et dites-lui de vous conduire à l’hôpital avec cet ami qui a un malaise." Mais que faîtes-vous si, le lendemain de cette discussion farfelue, cela se produit réellement ? Rappelons ici qu'Amélie Nothomb n’est pas le genre de femme à qui l’on ordonne de suivre une route toute tracée. Maintenant, imaginez que, par le plus grand des hasards, cet inconnu vous ressemble physiquement, a 1 000 euros en liquide dans son portefeuille et roule en Jaguar ?  

                Ce livre se lit très facilement. Les phrases ne sont pas pompeuses, le style se veut assez direct. J’irais même jusqu’à prétendre que si Alfred Hitchcock était encore parmi nous, il en ferait sûrement un film. A moins que ce ne soit l’inverse… Si vous aimez les thrillers ou que vous avez toujours rêvé de vivre la vie d’un autre, vous savez quoi lire pendant vos vacances. Évitez juste de le lire avant d’aller vous coucher, je fais des rêves bizarres ces derniers temps…

 

Extraits choisis :

"Existe-t-il vacances plus profondes que de prendre congé de soi-même ?"

"Il y a un instant, entre la 15ème et la 16ème gorgée de champagne où tout homme est un aristocrate."

"J'aime que ma vie, à mon image, n'ait aucun sens et aucun poids."

"J’étais épaté : cette jeune personne trouvait dans sa cuisine un inconnu en train de bâfrer ses provisions et elle ne s’en offusquait pas. Elle avait même l’air de penser qu’il n’y avait rien de plus naturel. Ce qui me sidéra au superlatif, c’est qu’elle n’avait pas exigé de savoir qui j’étais. Moi, à sa place, je me serais jeté dehors."