#05 Le bouquin du weekend • J'irai cracher sur vos tombes


 

               Préparez-vous à prendre une bonne grosse claque dans la gueule… Avec des phrases courtes et incisives, Vernon Sullivan, vous parle de haine raciale, de cul et de bitures, sans filtre et sans capote.

 

                Vernon Sullivan n’est autre que le pseudonyme sous lequel Boris Vian a écrit ses romans les plus sombres (Et on tuera tous les affreux parlent de viols et d’eugénisme, tranquille…). Afin d’éviter la censure, il ira jusqu’à se faire passer pour un Américain publiant ses œuvres en France, mais n’évitera pas la case prison pour « outrage aux bonnes mœurs » comme un certain… Charles Baudelaire.

 

                Lee Andersen est un Afro-Américain, dont la couleur de peau ne trahit pas ses origines. Ayant enterré un de ses frères victime de raciste, il décide de se venger à sa façon perfide. À cette fin, il reprend une petite librairie de village et fait copain-copain avec la haute bourgeoisie du coin, tout en tirant un coup à droite à gauche (et c’est foutrement mieux écrit que fifty shit of grey).

 

                Filtrant avec l’indécence la plus obscène, Boris Vian nous met face à nos pulsions les plus perverses, tout en soulignant les problèmes de ségrégations raciales de l’époque. On ne peut pas lire ce bouquin et en sortir indemne, mais ne pas le lire serait une grosse connerie. Enfin sauf si vous avez l’intention de finir curé, mais cela ne nous regarde pas…


Extraits choisis:

 

" Je sentais le sang de la colère, mon bon sang noir, déferler dans mes veines et chanter à mes oreilles."

 

"Elle me lâcha comme ça, car le morceau venait de finir. Je la regardais se glisser à travers les couples, et elle se retourna pour me rire au nez, mais ce n’était pas un rire décourageant. Elle avait une ligne à réveiller un membre du Congrès."

   

-"Collez-vous sur elle, Lee. Dépêchez-vous.

- Judy, lui dis-je, vous êtes dégueulasse.

- Pourquoi ? Ça m’amuse de vous voir sur cette fille-là. Allons, Lee, allons…

[…] Je sentis sa main sur moi, et elle me guida où il fallait. Elle laissait sa main. J’ai manqué gueuler tellement ça m’excitait."